C’était quand même plus peinard à Koh-Lanta…

Un putain de salopard, tome 2 : O Maneto, © 2020 Régis Loisel & Olivier Pont (Rue de Sèvres)

Quand comme Max, on part dans la jungle à la recherche du père qui vous a abandonné, il vaut mieux être motivé, et surtout sur ses gardes… sous peine de servir d’amuse-gueule aux caïmans…

Les événements s’étaient emballés dangereusement à la fin du premier tome. Charlotte et Christelle, à peine arrivées au dispensaire du camp minier, doivent déjà plier bagage et prendre la fuite en laissant un cadavre derrière elles. Quant à Max et Baïa, après avoir échappé de justesse aux hommes de main du camp, ils errent dans la jungle après un accident ayant provoqué la mort de leur chauffeur… Alors que Max est en proie à la fièvre, Baïa découvre l’épave d’un avion contenant le squelette d’un enfant. Serait-ce l’épave liée à cette vieille histoire de kidnapping de la fille du patron de la mine et d’un beau magot détourné ?

Si le deuxième volet d’Un putain de salopard est sans réelle surprise, il ne déçoit pas pour autant ! Sur un scénario très bien ficelé, comportant son lot habituel de rebondissements, Régis Loisel continue à dérouler le fil de cette aventure palpitante, avec en toile de fond la quête de Max pour retrouver ce père disparu dont la réputation laisse pour le moins à désirer. Le jeune homme va connaître les pires galères dans l’enfer vert de la jungle amazonienne, en compagnie de celle qui plus d’une fois va le sauver de situations périlleuses, Baïa. Fille d’une autochtone indienne et d’un père inconnu, la jeune femme possède un don de double vision qui lui permet de voir les esprits, ajoutant au récit une touche de fantastique. Doté d’un sens de l’intuition très développé, elle joue en quelque sorte pour Max le rôle d’ange gardien, et bien que muette, sait parfaitement se faire comprendre lorsque son compagnon téméraire emprunte les mauvais chemins… car dans ce western avec pour décor une jungle aussi paradisiaque que menaçante, où l’appât du gain et l’absence de lois rend l’homme plus dangereux que les caïmans, il importe pour sa propre survie de conserver un œil aiguisé !

D’un point de vue graphique, on reste également sur la même ligne. Le trait enlevé d’Olivier Pont, bénéficiant d’une mise en page sans faille, est rehaussé par une colorisation particulièrement soignée. François Lapierre, qui avait déjà prouvé son talent avec Magasin général, continue à nous éblouir en nous immergeant dans la jungle amazonienne grâce à mille nuances de vert.

L’épisode se conclut par un cliffhanger, au moment où Max vient de retrouver ce « putain de salopard », ce qui sans nul doute va susciter une forte attente chez les lecteurs conquis par cette série de très bonne tenue, avec des personnages très attachants et soudés face à des brutes sans foi ni loi.

Un putain de salopard, tome 2 : O Maneto
Scénario : Régis Loisel
Dessin : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Editeur : Rue de Sèvres
88 pages – 18 €
Parution : 11 novembre 2020

Extrait de l’interview de Régis Loisel par l’éditeur :

Cette idée des deux photos attrape immédiatement le lecteur.

Loisel — Quand j’étais petit enfant, mon père était militaire en Indochine. Jusqu’à mes trois ans, il n’était qu’une photo collée sur le frigidaire, une vague idée. Alors quand un jour il est venu en permission, je n’ai pas voulu qu’il me touche, parce que mon père n’était pas cet homme, mais le monsieur sur la photo. Inconsciemment, il y a sans doute une part de mon histoire dans cette idée de photos… Max, en quête de ses origines, pense mêler l’utile à l’agréable, tourisme et boulot, parce qu’à l’époque [les années 70, ndr], c’était les débuts de la construction de la transamazonienne. On avait donc besoin de beaucoup de main d’œuvre. Max étant un peu naïf, il découvre que l’univers qu’il va cotoyer n’est pas d’une grande tendresse. La notion de mort est toute relative. Là-bas, on trucide très facilement. Ce qui était vrai et l’est toujours dans ces coins reculés.

Pourquoi les années 70 et le Brésil ?

Loisel — Je ne pourrais pas raconte la même histoire aujourd’hui. À l’époque, quand vous étire paumé en forêt, il n’y avait pas de téléphone pour vous repérer. Cette période est donc plus propice à l’histoire qu’on voulait raconter. Au départ, je pensais la situer en Guyane, mais avec la transamazonienne, le Brésil convenait mieux. Je voulais des orpailleurs, des camps miniers, des camps forestiers… L’Amazonie, c’est sans fin, la Guyane, c’est plus restreint.

Un putain de salopard, tome 2 : O Maneto, © 2020 Régis Loisel & Olivier Pont (Rue de Sèvres)

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