
Sur une plage sauvage et escarpée, un immigré algérien débarque en quête d’une vie meilleure. Il sera vite rejoint par trois groupes de touristes venus passer une journée de baignade et de bronzette. Jusque là, rien d’exceptionnel… C’est lorsqu’on se rendra compte que les enfants grandissent anormalement que les choses vont se gâter. Il y a ensuite cette baigneuse retrouvée morte noyée. Mais quelle est cette force maléfique qui rôde autour de la plage ? Pourquoi semble-t-il impossible de quitter le lieu, comme cerné par une muraille invisible. Pourquoi chaque demi-heure fait-elle vieillir d’une année chacun des protagonistes ? Y a-t-il donc une issue à ce cauchemar ?
Après Lupus que j’avais globalement bien apprécié, je suis heureux de retrouver Frederik Peeters dans une autre production, dont il n’est cette fois que le dessinateur. Le trait en noir et blanc est sensiblement le même que dans sa quadrilogie, même si j’en avais préféré l’univers SF fantaisiste et foisonnant. Je dois dire que j’ai lu d’une traite cette histoire aussi palpitante que terrifiante, qui commence comme une série noire pour évoluer, après un virage à 180°, vers le thriller fantastique à la Stephen King. C’est dans l’ensemble bien barré avec un humour gentiment grinçant… Les auteurs semblent prendre un malin plaisir à assister à la décrépitude à vitesse grand V de leurs personnages, tout particulièrement les plus névrosés d’entre eux qui apparaissent comme des souris se débattant frénétiquement dans un labyrinthe. Reste que certains détails m’ont paru flous (par exemple, que vient faire ici José, « le fils de l’hôtelier », pourquoi et par qui se fait-il tirer dessus comme un lapin ?) mais heureusement cela ne gêne en rien la fluidité du récit.
En fait, ce qui m’a le plus dérouté, c’est ce sentiment d’avoir un thème parallèle à la trame principale qui du coup s’en trouve diluée. En effet, si le sujet dominant traite bien de la nécessité de ne pas passer à côté de l’essentiel durant la courte vie qui nous est donnée, un autre questionnement vient parasiter l’histoire, celui du racisme, avec cette allusion à L’Etranger qu’il m’a semblé percevoir… Cela dit, j’ai trouvé intéressante la présence de l’immigré, au début victime de la suspicion des uns et des autres, accablé malgré sa discrétion et son humilité, mais qui s’avérera au final comme le personnage-clé du récit, celui qui va apaiser le cœur des plus jeunes avec la jolie parabole du palais en rapport avec leur terrible situation. J’aurais juste bien voulu que les auteurs creusent un peu plus la psychologie des personnages que j’ai trouvés assez superficiels, du coup il y a comme un hiatus entre ladite parabole et ces derniers, mais cela tient peut-être au fait que le format one-shot rendait cela plus difficile.
Malgré tous ces mais, je recommande vraiment la lecture de cette bédé qui devrait vous happer et vous hanter pour longtemps. La terreur et le malaise qu’elle suscite trouve judicieusement son contrepoint dans la sagesse de son propos suggérée dans le titre et issue de la parabole en question : le plus solide des palais n’est qu’un château de sable inapte à nous protéger des assauts de la mort, alors ne perdons pas de temps et goûtons aux fruits de la vie ! (mars 2013)
Château de sable
Scénario : Pierre-Oscar Lévy
Dessin : Frederik Peeters
Editeur : Atrabile
100 pages – 17,50 €
Parution : octobre 2010

J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte. blog très intéressant. Je reviendrai. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir
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Merci pour votre commentaire, voilà qui fait extrêmement plaisir 🙂
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