Un conte pas très catholique

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La Belette © 1983/2012 Didier Comès (Casterman)

Un couple de citadins et son enfant autiste viennent s’installer dans la vieille ferme qu’ils viennent d’acquérir dans un village ardennais. Très vite, ils se heurteront à l’hostilité menaçante du voisin sournois et son grand fils simplet d’une laideur repoussante, ainsi que du curé à l’air pas très « catholique »… Délaissée par son mari cynique davantage préoccupé de sa carrière à la télévision, Anne sera amenée, par l’intermédiaire de son fils Pierre, à rencontrer une sorcière païenne dénommée la Belette qui s’imposera comme un soutien incontournable face à un curé de plus en plus inquiétant…

la-beletteJ’ai toujours apprécié l’univers de Comès, absolument unique, nimbé de mystère et intemporel, univers auquel cette histoire ne déroge pas. La ligne claire de l’auteur épouse parfaitement la simplicité de l’histoire, et les aplats noirs qui sont sa marque de fabrique contribuent à rendre l’atmosphère sombre, avec des recoins dissimulant on ne sait quelle menace toujours prête à surgir. La représentation des personnages va du difforme au gracieux, et ceux-ci sont dotés d’une psychologie en apparence assez sommaire et caricaturale. Tout cela peut parfois paraître naïf voire agacer, mais cette simplicité permet d’évoquer davantage les contes de notre enfance.

Et c’est bien cela que j’apprécie chez Comès. On entre dans ses histoires comme on pénétrerait en secret dans une vaste demeure avec de nombreuses portes closes dont il faut trouver la clé comme dans un jeu de piste. On aime s’y perdre sans jamais savoir ce que l’on va trouver, ni même si l’on va en sortir.

La Belette se révèle un conte pour adultes, où l’auteur se livre de front à deux condamnations, l’une contre le christianisme (le curé) et les superstitions d’un autre âge (les voisins), et à l’opposé contre un matérialisme outrancier propre à nos sociétés modernes (Gérald, le mari). De cette façon, il nous invite gentiment à étudier une troisième voie beaucoup plus spirituelle, plus écologique. A sa façon, il réhabilite un certain paganisme anéanti au Moyen-âge par l’Inquisition, qui considérait comme de la sorcellerie ces cultures millénaires où l’homme occidental était alors en communion avec la nature, à l’image des sociétés chamaniques toujours présentes aux quatre coins du monde mais néanmoins menacées.

La Belette
Scénario & dessin : Didier Comès
Editeur : Casterman
144 pages –  22 €
Première parution : septembre 1983
Réédité le 27 avril 2012

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