Transes en Amazonie

Un putain de salopard, tome 4 : Le rituel © 2024 Régis Loisel & Olivier Pont (Rue de Sèvres)

Les salauds peuvent-ils échapper à leur karma ? Ce dernier tome va enfin nous livrer la réponse, après une nouvelle salve de péripéties et de révélations spectaculaires en plein cœur de la jungle amazonienne…

Après une ultime altercation, Max s’enfuit avec le magot, rejoint Baïa, mais le Manchot est à leurs trousses. Ils parviennent finalement à le semer. A l’abri d’une cabane de pêcheur, ils prennent le temps de se rapprocher et laissent parler leurs sentiments. Au cours d’une transe, Mali, la mère de Baïa, replonge dans le viol qu’elle a subi des années plus tôt. Baïa est née de ce viol, et l’agresseur de sa mère n’était autre que… le Manchot. Max découvre avec effroi qu’il pourrait bien être le frère de sa bien-aimée…

Ce tome 4 va nous amener à l’épilogue de la série, avec son lot de révélations et de retournements de situations. Tout au long de cette saga amazonienne, Régis Loisel n’aura pas ménagé ses efforts pour nous concocter un scénario bien ficelé mêlant aventure et amour, sur un ton assez moderne, même si l’histoire se passe dans les années 70.

Les personnages restent attachants et d’une épaisseur psychologique appréciable. Les méchants ne s’avèrent pas si méchants, à l’instar d’Hermann, le chef du camp forestier, une brute épaisse qui, sentant sa fin approcher, éprouve le besoin irrépressible de retrouver la dépouille de sa fille qui a péri quelques années plus tôt dans un accident d’avion en pleine jungle. Seul le Manchot apparaît détestable, sans états d’âme quand il est question d’argent, prêt à trucider celui-là même qui pourrait bien être son fils, Max. Le titre n’avait donc pas menti… Mais on ne pourra en dire plus au risque de spoiler l’histoire.

Malgré toutes les qualités énoncées plus haut, j’avoue avoir ressenti une certaine lassitude, difficilement explicable étant donné que tout est fait pour tenir le lecteur en haleine. Serait-ce dû à un trop-plein de rebondissements qui éloignent le récit du réalisme, et apparaitraient presque en contradiction avec la volonté de produire quelque chose de crédible ? La série aurait sans doute méritée d’être plus ramassée, et on peut légitimement s’y perdre dans des « twists » qui finissent par être un peu répétitifs.

Quant au dessin d’Olivier Pont, il n’y a rien à redire dans la mesure où il reste conforme à ce que l’on avait apprécié dès le premier tome. Il sait parfaitement nous immerger dans cette ambiance forestière avec des vues nocturnes du plus bel effet.

Si l’on s’essaie à faire une sorte de bilan, Un putain de salopard est une série globalement satisfaisante, dont chacun des tomes a obtenu l’estime de la critique et les faveurs du public. Savoir si elle rentrera avec le temps dans le panthéon du neuvième art, au même titre que le Peter Pan du même auteur, c’est une autre affaire.

Un putain de salopard, tome 4 : Le Rituel
Scénario : Régis Loisel
Dessin : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Editeur : Rue de Sèvres
96 pages – 18 €
Parution : 20 novembre 2024
Un putain de salopard, tome 4 : Le rituel © 2024 Régis Loisel & Olivier Pont (Rue de Sèvres)

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