
Vous êtes un utilisateur chevronné des réseaux sociaux, champion du post en rafale et compulsif du like ? Vous ne craignez pas l’utilisation de vos données personnelles parce que vous dites n’avoir rien à vous reprocher et qu’en plus vous ne faites pas de politique ? Cet ouvrage risquerait bien de modifier votre vision des choses…
ienvenue dans l’univers impitoyable du Big Data, le « pétrole du XXIe siècle » ! Grâce aux auteurs, le journaliste Michael Keller et le dessinateur Josh Neufeld, qui sont allés interroger des spécialistes et chercheurs dans le domaine, on comprend que, bien plus que nos opinions politiques, ce sont nos actions quotidiennes les plus banales qui intéressent les géants du web, les GAFAM. De plus en plus, l’internaute est suivi à la trace, que ce soit en naviguant innocemment sur son smartphone ou par l’utilisation de ses objets connectés qui tendent à proliférer. Ces multinationales, qui prennent de plus en plus l’ascendant sur les États, vous connaitront bientôt mieux que vous ne vous connaissez vous-même, grâce à leurs algorithmes puissants qui leur permettent d’accumuler quantité de données, un phénomène dont on commence à peine à percevoir les enjeux et les risques. Un jour peut-être, vous pourriez être privé d’assurance ou on vous refusera un crédit immobilier parce qu’on jugera votre santé défaillante ou votre comportement à risque…
Josh Neufeld, co-auteur de La Machine à influencer donne à cette enquête dense et touffue un tour ludique par son style de dessin très proche de Scott McCloud. Le tout est passionnant et terrifiant à la fois. Une des solutions pour protéger sa vie privée selon un des experts interrogés : désactiver la géolocalisation sur son téléphone, ne pas être sur Facebook ! Que l’on soit disposé à le faire ou non, cette petite BD donne à réfléchir et fournit quelques pistes pour naviguer sur Internet avec plus de circonspection.
Dans l’ombre de la peur – Le Big Data et nous
Scénario : Michael Keller
Dessin : Josh Neufeld
Editeur : Ça et Là
56 pages – 14,50 €
Parution : 14 mars 2017
Extrait p.40 – Discussion entre Michael Keller et Josh Neufeld :
« Peppet a entendu parler d’une société de crédit qui aurait mis au point un score de conduite automobile dont elle se servirait pour déterminer ton niveau de solvabilité. Si elle voit que tu es bon conducteur, elle en conclura peut-être que tu as un moindre risque de défaut de paiement.
— Mais ce n’est pas évident.
— Exactement ! C’est tellement évident que ça en paraît stupide, alors pourquoi est-ce que ça ne sa fait pas déjà ? Mais Peppet dit que, si on y réfléchit bien, cela conduit à un monde complètement différent de celui qu’on connaît. Imaginons que quelqu’un développe des corrélations similaires entre tes données Fitbit et ton indice de solvabilité. Les gens qui ne pratiquent pas d’activité physique de façon assidue sont en moins bonne santé. Peut-être qu’ils ne remboursent pas leurs prêts. Donc tu n’as plus droit à un prêt immobilier parce que tu n’est pas allé au club de gym pendant six mois. Ou parce que tu as freiné trop fort trop souvent. »
