
Ukraine, fin de la Seconde guerre mondiale. Un jeune orphelin, Youri, après avoir échappé à la famille de paysans qui en a fait son souffre-douleur, est recueilli par les services secrets soviétiques. Ayant perçu en lui un potentiel exceptionnel, ceux-ci ont pour projet d’en faire un espion destiné à opérer sur le sol américain…
Vingt-cinq ans avant Little Tulip paraissait Bouche du diable, une BD dont il est difficile de ne pas voir quelques similitudes avec sa petite sœur. Comme pour Little Tulip, le récit porte sur le parcours âpre d’un orphelin qui évoluera jusqu’à l’âge adulte dans un univers concentrationnaire, en plein cœur de l’Union soviétique, sur fond de spiritualité, puis sera amené à traîner ses guêtres du côté de New York, avec quelques incursions dans l’univers du tatouage. Cette aventure se déroulant dans les seventies, en pleine guerre froide, donne également lieu à plusieurs scènes dignes des meilleurs thrillers, avec une brutalité le plus souvent suggérée, mais aussi de beaux moments de poésie urbaine alliée au chamanisme indien.
A l’intérieur d’un cadrage très cinématographique, on retrouve le trait précis et vigoureux de François Boucq, qui comme souvent met en scène des personnages bien campés avec de vraies « gueules ». Sans être exceptionnelle, la couleur reste soignée et d’une sobriété de bon aloi. Quant au scénario de Jérôme Charyn, il est impeccable et ne souffre d’aucun essoufflement. Autant d’arguments qui font de Bouche du diable une lecture largement conseillée.
Bouche du diable
Scénario : Jérôme Charyn
Dessin : François Boucq
Editeur : Casterman
128 pages – 16,45 €
Parution : janvier 1990
Réédité chez Le Lombard en Janvier 2013