Quand dans l’Empire tout empire

Murena, tome 13 : Les Neronia © 2025 Dufaux, Jérémy et Delaby (Dargaud)

Temps de lecture ≈ 1 mn 15

Selon les dires de Jean Dufaux, les planètes seraient alignées pour le tout dernier cycle de Murena, et on a très envie de le croire. L’alliage détonnant de cruauté et de sensualité est comme toujours au rendez-vous de cette flamboyante épopée romaine.

À Rome, la conspiration de Pison et le grand incendie ont ébranlé la popularité de Néron. Tigellin propose les Neronia, des jeux pour distraire le peuple et mettre en avant le talent poétique de l’empereur — dont nul n’est dupe. Pendant ce temps, l’influence de l’Hydre, mystérieuse guerrière, grandit dans les cercles du pouvoir. Lucius Murena, traqué, ose approcher Néron pour lui rappeler leur destin commun et l’avertir : même empereur, il reste un homme, et les dieux peuvent détourner leur regard.

Intitulé Les Neronia, ce treizième tome inaugure le quatrième et dernier cycle du péplum culte créé en 1997 par Jean Dufaux et feu Philippe Delaby. La mort de ce dernier avait porté un coup d’arrêt à la série au début du troisième cycle, qui put être terminé grâce à Théo qui s’efforça de succéder avec plus ou moins de bonheur au talentueux Delaby.

Pour cette quadrilogie annoncée du Cycle de l’amitié, qui aurait dû s’appeler le Cycle de la mortDufaux en donne l’explication en préface —, c’est Jérémy qui, après avoir œuvré sur la couleur depuis le tome 5, reprend le flambeau. Un choix totalement convaincant, qui conduit à se demander pourquoi il n’a pas été fait plus tôt. Non pas que Théo soit un mauvais dessinateur, loin de là, mais le travail de Jérémy se rapproche ici beaucoup plus de ce que faisait Delaby. On peut comprendre que le niveau d’exigence soit élevé pour une œuvre d’un tel calibre et que le choix a été difficile, mais il était judicieux de revenir « aux sources », avec un dessin certes moins spectaculaire et moins « viril » (s’il est question des scènes de combat), mais plus raffiné, doublé d’un soin particulier apporté à la colorisation, l’autre talent de Jérémy. Celui-ci avait d’ailleurs rendu son tablier lors du recrutement de Théo

Quoique l’on en pense, Théo n’a pas démérité et son approche a été plutôt conforme au cahier des charges, notamment ce souci du détail incroyable dans la reproduction des scènes de rue, dans les palais, ou encore du mobilier et de l’architecture romaine. Des critères il va sans dire totalement respectés par Jérémy.

Comme pour tous ses prédécesseurs, la narration de Dufaux conserve sa fluidité, un facteur essentiel pour une série au long cours comme Murena, avec son lot d’intrigues et de rebondissements incluant une acmé visant à relancer l’intérêt de l’histoire.

Si à titre personnel, j’ai toujours été réticent à entamer des séries à rallonge, Murena est l’exception qui confirme la règle, tant j’avais été captivé dès le début de la série. Sans parler de son intérêt historique (avec bien sûr une part fictionnelle), renforcé par une recherche documentaire poussée qui nous met en immersion totale dans une époque toujours fascinante, même deux mille ans après.

Murena, tome 13 : les Neronia
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Jérémy
Editeur : Dargaud
56 pages – 13,95 €
Parution : 7 novembre 2025
Murena, tome 13 : Les Neronia © 2025 Dufaux, Jérémy et Delaby (Dargaud)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.