Tous les chemins mènent aux retrouvailles

comeprima
Come Prima © 2013 Alfred / Delcourt

Début des années 60. Suite à la mort de leur père, deux frères, Fabio et Giovanni, sillonnent les routes au volant d’une Fiat 500. Leur voyage, émaillé de disputes et de silences, de souvenirs et de rencontres, les conduira jusqu’à leur Italie natale, quittée depuis des années. Par bribes, le portrait de leur père se recompose et les amène à mettre en lumière leurs relations tumultueuses.

come primaComme le suggère le titre de cet album, il est question de ce passé rêvé à laquelle on se raccroche souvent pour oublier un mal-être trop présent. Cette BD road-moviesque raconte comment un homme (Giovanni) va profiter de la mort de son père pour obliger son frère aîné (Fabio) à la confrontation, après des années d’exil et de silence. Au début, l’aîné passe pour le salaud, celui qui a laissé derrière toute sa famille et son Italie natale pour réaliser ses rêves de voyage, sans donner aucun signe de vie… mais au fil des pages, le lecteur comprendra que les choses ne sont pas aussi simples, que les petites histoires sont souvent mises à mal par la grande Histoire, et que même chez un macho comme Fabio, les failles intérieures ne peuvent jamais longtemps être dissimulées…

Par l’entremise d’un graphisme aux allures poétiques, Come Prima est traversé par une douce nostalgie, contrastant avec les sentiments violents qui habitent les personnages. Alfred m’avait déjà bluffé avec Le Désespoir du singe, par sa faculté à poser des ambiances par le jeu des couleurs. Représentées telles des fresques naïves aux teintes chatoyantes, les Alpes et l’Italie évoquent les voyages de l’enfance, suscitant un certain émerveillement, par ailleurs renforcé par la présence de la petite Fiat 500. L’auteur semble à l’aise dans des styles différents même si certaines mauvaises langues en concluront peut-être qu’il n’en a pas. Son trait au contraire respire la liberté, se veut plus stylisé que dans Le Désespoir, encore plus zen dans les interludes consacrés au passé des personnages où seules interviennent trois couleurs désaturées, soulignant cette quête du retour aux sources et ses corolaires, pureté des sentiments et sérénité.

Chacun pourra se retrouver d’une façon ou d’une autre dans cette intrigue familiale tumultueuse non exempte d’émotion. Une intrigue qui prend son temps pour exposer la psychologie de ses personnages – qui conduisent une Fiat 500 et non une Ferrari ! – avec des rencontres imprévues et anecdotiques mais toujours porteuses de sens, qui influeront les deux frères de façon plus ou moins consciente pour le dénouement de l’histoire. La narration souffre parfois d’imprécisions (je n’ai pas compris si Giovanni habitait en France ou en Italie), et aurait gagné à être un peu plus ramassée, mais ce bémol ne suffira pas à en déconseiller la lecture, au contraire.

Come Prima
Scénario et dessin :  Alfred
Editeur : Delcourt
Collection : Mirages
222 pages –  25,50 €
Parution : 2 octobre 2013

Angoulême 2014 : Fauve d’or (prix du meilleur album)

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