L’autre position du missionnaire

Les Sentiers d’Anahuac, de Jean Dytar & Romain Bertrand (Delcourt) — Depuis une dizaine d’années, Jean Dytar mène son petit bonhomme de chemin, sans faire de bruit. Avec ce nouvel opus remarquable, tout juste récompensé par le Grand Prix de la Critique et traitant de l’évangélisation de l’Amérique latine par les Espagnols, il ajoute une nouvelle pierre (de taille !) à sa bibliographie, aussi passionnante qu’originale.

Multiplication des [pé]pains

L’homme qui pouvait accomplir des miracles, de José-Luis Munuera (Dargaud) — Qui n’a rêvé un jour de changer le plomb en or ? Ou, plus amusant : transformer un crétin bavard en serre-livres ou un supérieur tyrannique en cuvette de W.C. ? A défaut de vous donner la recette, cette fable drolatique vous en montrera surtout les risques…

Comeback de Pâques : le prequel

Jésus aux Enfers, de Thierry Robin (Editions Soleil) — Que vous soyez catholique, croyant ou athée, cette mystérieuse histoire – ces fameux trois jours où Jésus a été enterré avant de ressusciter –, portée par une narration réussie et l’imagination fertile de Thierry Robin, ne manquera pas non seulement de vous interpeler, mais aussi de vous séduire.

Ecrivain de SF raté ? Fonde ta religion !

Electric Miles, tome 1 : Wilbur, de Fabien Nury et Brüno (Glénat) — Electric Miles, c’est la BD événement de l’année 2025, par un duo qui transforme en or tout ce qu’il touche. L’introduction d’une série qui promet de nous emmener dans des sphères mentales interdites. A vos risques et périls !

La résistance, c’est Byzance !

Journal inquiet d’Istanbul, volume 2 : 2007-2017, d’Ersin Karabulut (Dargaud) — L’auteur se fait le témoin d’une Turquie en proie à la montée de l’extrémisme religieux, un pays où les attentats de Charlie Hebdo viendront résonner abruptement dans son quotidien. Ce second volet, plus sombre, réserve toutefois des moments plus radieux où son talent se verra récompensé.

Le Turc du futur

Journal inquiet d’Istanbul, volume 1, d’Ersin Karabulut (Dargaud) — Magnifique déclaration d’amour à sa ville multiculturelle, l’auteur nous raconte avec verve son parcours dans la bande dessinée, sur un ton oscillant entre humour et angoisse, dans un contexte de montée de l’intolérance religieuse. On n’a pas fini d’entendre parler d’Ersin Karabulut !

Quand Satan met le feu au culte

American Parano, tome 2, d’Hervé Bourhis et Lucas Varela (Dupuis) — Clap de fin pour l’esthétique diptyque beatnik dans le milieu de la sorcellerie US West Coast, qui hélas ne tient pas toutes ses promesses, avec une pauvre héroïne rousse qui, ne sachant plus à quel saint se vouer, risque l’enfer…

Quand Daech lave plus sale

Mahar le lionceau, ou l’enfance perdue des jeunes soldats de Daech d’Anne Poiret & Lars Horneman (Delcourt) — Comment qualifier autrement que de « sataniste », l’engeance de Daech qui arrache de jeunes garçons à l’enfance pour en faire des tueurs sans états d’âme ? Si ce témoignage n’explique pas le cynisme sans bornes de ces fanatiques « religieux », il permet au moins de connaître leurs méthodes abjectes de recrutement et d’endoctrinement.

Mon voisin, cet inconnu si proche…

Aparthotel Deluxe, d’Edo Brenes (La Boîte à bulles) — Au Costa Rica, un immeuble comme il en existe partout. Edo Brenes va opérer un zoom sociologique sur ses résidents, confrontés aux problématiques du quotidien, la mort, l’amour, la vie, la solitude… Un charmant roman graphique débordant d’humanité.

Gare aux gourous gargarisants !

Tepe, la colline, de Firat Yaşa (Editions ça et là) — Avec ce conte magnifique dans sa forme, l’auteur turc Firat Yaşa dénonce avec virulence l’emprise des religions prônant dans un esprit conquérant leurs vérités de pacotille, au détriment des cycles naturels. Percutant, magique et envoûtant.